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L'écrivain

Marie-Louise Russo-Delattre rencontre la littérature très tôt dans son enfance. La richesse qu'elle découvre au fil des pages la nourrit et la fait grandir, se sentant accompagnée, dans tous les moments de sa vie, par l'âme de ces grands écrivains et de leurs personnages.

Adolescente, son chemin croise celui de la poésie qui la marquera profondément par son univers unique de magie et de subtilité. Passionnée, elle commence ainsi à composer des poèmes. Puis vient le temps de petites nouvelles. Tout au long de son cursus universitaire qui l'amène jusqu'au Master 2 de Littérature Générale et Comparée, elle se délecte davantage encore de l'esprit et de la richesse intérieure de ces grands écrivains qu'elle continue toujours de vénérer. Ses poèmes prennent alors une forme plus aboutie et ses petits récits s’étoffent et se transforment en textes plus fins où se révèlent son style et ses domaines de prédilection. Ecrire un roman devient bientôt un impératif pour Marie-Louise qui l’imagine tel un hymne à la littérature et à l’ambivalence de la nature humaine.

Son appétence pour l’écriture prenant de plus en plus de place dans sa vie, elle quitte, depuis peu, son métier pour se lancer dans l'édition afin de nous livrer enfin son premier roman, délicat condensé de thèmes chers à son cœur, vibrant remerciement à ceux qui lui ont tenu la main depuis si longtemps.

pourquoi écrire ?

Lectrice passionnée avant tout, je n’ai cessé de nourrir mes veines d’une infinité de grands textes qui ont planté en mon âme les germes d’une imagination fertile.

L’inspiration a pris le relais des songes pour rendre l’écriture nécessaire. Sensible aux voyages de ces grands écrivains qui m’ont dessiné des vies inouïes, j’ai désiré, à mon tour, offrir à qui me lirait cette douce respiration si précieuse à toute vie. J’ai fait miens les mots d’Hugo : « Autant qu’il est permis à l’homme de vouloir, je veux détruire la fatalité humaine » parce qu’alors « Heureux celui qui comprend sans effort, Le langage des fleurs et des choses muettes » (Baudelaire)

Sarlat, 1852. Adélaïde, blanchisseuse, veuve et mère d’un petit Louis mène une existence dure et solitaire. Elle se voit proposer une vie plus confortable en tant que domestique chez un notaire qui, étrangement, s’attache à Louis et lui apprend ses Lettres. Mais rapidement, sa vie devient intolérable face à de multiples humiliations et non des moindres. Adélaïde devra lutter contre ce qu’elle pensait être son destin. D’humiliée, parviendra-t-elle à se hisser au-dessus de sa condition, et cela, sans sacrifier à ses valeurs ? Un roman subtil et passionnant au dénouement des plus inattendus.

L'INTERVIEW

Quelles sont vos influences littéraires ?

J’ai été marquée par les livres qui m’ont donné à voir en moi-même et dans les humains en général, ceux qui ne craignent pas d’aller jusqu’au fond des choses, délivrant des messages puissants mais cependant subtils. J’ai été touchée par les romans littéraires qui mettent en scène des personnages dignes d’intérêt, complexes, porteurs d’ambiguïté et qui possèdent ce style si particulier qui permet de nous y fondre, de nous en envelopper, comme s’il s’agissait d’un parfum qui nous accompagne. J’affectionne ainsi les romans historiques, les biographies, les romans à dominante psychologique, les fictions littéraires et, je l’avoue, quelques romans policiers style vieille France ou vieille Angleterre.

 

Je me suis essentiellement abreuvée à trois sources :

 

– la littérature française et plus spécialement celle du XIXe siècle. Le mot est faible pour dire que j’aime cette écriture sachant rendre toute l’ampleur de notre belle langue française grâce à un style soutenu sans être caricatural, aux images choisies, aux longues descriptions de personnages et de situations qui nous emmènent réellement dans un autre univers.

Bien évidemment, mon écrivain favori est Balzac que je vénère littéralement mais je ne néglige pas Victor Hugo, Stendhal, Flaubert. Quant à la poésie, Baudelaire me bouleverse et m’élève tout à la fois.

Chez les écrivains du XXe siècle, il reste évident que je suis à la recherche de la même écriture intérieure. D’où ma profonde admiration pour Proust qui m’a appris à pénétrer dans le tréfonds des perceptions et à les mêler aux pensées. Pareillement, Stefan Zweig me parle par son talent à percer l’enveloppe charnelle pour me plonger dans les souterrains de l’âme d’une façon élégante et subtile. J’éprouve, par ailleurs le plus profond respect pour Marguerite Yourcenar qui possède une écriture intense et puissante. Je n’oublie pas Michel del Castillo pour son langage particulier à décrire la condition humaine au travers de son prisme d’homme perpétuellement blessé.

 

– la littérature anglaise pour ce je-ne-sais-quoi de douillet, cette distinction quelque peu surannée qui enchante une part de mon cœur. Mes préférences vont à Henry James qui désirait plus que tout être le Balzac anglais et à Daphné du Maurier dont les textes ont bercé mon imagination libre et farouche.  Virginia Woolf, la première à étudier le « stream of consciousness », me transporte et m’interroge tout à la fois et je remercie Agatha Christie qui a révélé en moi l’esprit d’observation, d’analyse et de déduction.

 

– et la littérature russe en raison de la puissance de son écriture et de ses personnages, solides mais torturés, ancrés dans leur terre mais perpétuellement à la recherche de l’autre part d’eux-mêmes. J’aime Dostoïevsky qui a décidé d’accepter la condition humaine dans son entièreté, y compris avec ses côtés les plus noirs, et Soljenitsyne dont la force, le courage et l’espoir ont forcé mon admiration.

 

Je pourrais encore citer d’autres écrivains qui ont rempli ma tête et mon cœur de leurs mots, qui ont apaisé mes peurs, qui ont tracé en ma vie une esquisse d’espérance, qui ont développé ma réflexion et aiguisé ma conscience. Je pourrais également citer des œuvres qui ont jalonné mon parcours et imprégné subtilement mes tissus d’écriture. Mais là n’est pas le sujet de cette interview. Mon blog en possède la vocation…

Pourquoi écrivez-vous ?

Un écrivain, c’est avant tout un lecteur. Depuis mes huit ans, j”ai lu comme si c’était interdit et ça l’était malheureusement (ou heureusement) pendant très longtemps. Les livres me sont devenus autant indispensables que le sang dans mes veines. La littérature constitue, en réalité, ma colonne vertébrale. Laissez-moi vous expliquer cela.

 

Michel del Castillo –que j’ai évoqué précédemment – affirmait avoir survécu à ses atroces et nombreuses tribulations et avoir même échappé à la mort grâce à la lecture de Dostoïesky et plus particulièrement grâce à son roman « L’idiot ». Je prends toute la mesure de son témoignage car les livres ont longtemps représenté pour moi le seul moyen qui me permettait de ne pas tomber dans ce gouffre béant d’une solitude exacerbée, si différente que j’étais, rejetée et détestée comme le « vilain petit canard ». Je me suis accrochée à la littérature comme à mon unique planche de secours. Elle m’a littéralement sauvée. Je me noyais au sens propre du terme dans un océan où la honte, le désamour, le mépris et la dureté m’auraient entraînée dans des abysses d’où je n’aurais jamais pu remonter.

 

J’ai donc dévoré avidement les livres comme un prisonnier dévore sa nourriture lorsqu’il en a été privé durant des jours. Tout naturellement, l’écriture m’a tendu les bras. A dix ans, j’ai commencé à écrire des poèmes, puis, lorsque mon frère est né, je me suis amusée à lui inventer des histoires différentes tous les jours. Ensuite, jeune adulte, j’ai écrit quelques nouvelles qui sont toujours rangées dans un tiroir.

 

A présent, je navigue entre prose et poésie, qui représentent pour moi les deux mamelles d’une littérature de rencontre, d’authenticité et de subtilité. Ainsi, je continue à écrire des poèmes, tentant de décrire tous les bonheurs et les affres de notre condition d’humain mortel. Et dans le même temps, je me suis lancée dans l’écriture de mon roman « L’humiliée » qui transmet plusieurs messages, dont le plus essentiel à mes yeux, l’extrême nécessité de la littérature dans la vie.

 

J’en suis actuellement à la rédaction de mon second roman qui traitera également de sujets que j’estime fondamentaux tel que l’Art.

 

Vous l’aurez compris, je dois à la littérature  de m’avoir épargnée une existence des plus mornes et malheureuses. Comment, dès lors, remplie de gratitude, ne pas lui rendre un iota de ce qu’elle m’a apporté ? Mon souhait est non seulement de permettre à mes lecteurs un certain bonheur par l’évasion mais également de leur offrir du courage par la force que dégagent mes personnages, de leur donner à méditer par la conscience et l’exploration des personnalités de mes personnages, de leurs traits de caractère et de leur lucidité.

 

Je dois également avouer que j’écris les livres que j’aurais aimé lire, comme tout écrivain, je suppose…

Quel est le synopsis de votre roman ?

L’héroïne de mon roman se prénomme Adélaïde.

C’est une blanchisseuse qui vit à Sarlat, dans le Périgord, sous le Second Empire et plus précisément en 1852. Elle est mère d’un petit Louis de dix ans et mène une vie dure et solitaire car elle est veuve depuis deux ans. En ce temps-là, être femme est déjà en soi un désavantage, être du petit peuple augmente le désavantage et le fait d’être veuve représente un élément qui voue Adélaïde à n’être qu’un sous-rebut de la société.

 

Déconsidérée en permanence, elle parvient à trouver du réconfort en sa foi catholique. Rassurez-vous, ce n’est pas un ouvrage religieux ni même un roman qui prône une certaine religion. Pour bien comprendre Adélaïde et la resituer dans son contexte, il est besoin de se rappeler que dans la première moitié du XIXe, l’Eglise est encore toute-puissante malgré les soubresauts de la Révolution. Il ne faut pas non plus oublier que Sarlat possède une histoire religieuse bien à elle. Que ce soit lors de  guerre contre les protestants, pendant la Guerre de Cent Ans ou durant les jacqueries, Sarlat est toujours restée fidèle au Roi et au catholicisme.

Ainsi, Adélaïde ne peut-elle pas, eu égard à son statut en particulier et à son appartenance au bourg en général, n’être pas religieusement fervente.

 

Sa route va rencontrer celle d’un notaire quelque peu malhonnête qui va lui proposer une place de domestique dans sa maison. Fait étrange, il s’attache à Louis et lui apprend ses Lettres. Pourquoi ? Peu de temps après, la vie d’Adélaïde devient intolérable. Quel fait nouveau est apparu ? Rapidement, cette femme va se trouver confrontée à des choix pour chacun définitif. Toute son histoire -et ce roman- va répondre à une question essentielle : une femme du petit peuple et à cette époque-là possède-t-elle un véritable moyen d’évoluer et de connaître autre chose que sa vie prédestinée depuis sa naissance ? D’humiliée qu’elle a toujours été, parviendra-t-elle à se hisser au-dessus de sa condition ? Si oui, y réussira-t-elle sans sacrifier à certaines de ses valeurs ? Existe-t-il réellement une voie pour la délivrance ?

 

Il me semble que ce sujet est éminemment d’actualité.

Pourquoi la ville de Sarlat ?

Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord que je vous raconte Sarlat. C’est une cité historique, classée Ville d’art et d’histoire. Elle détient la plus forte densité de monuments historiques ou classés au monde. Sarlat se situe dans le Périgord noir, un des quatre petits cantons du département de la Dordogne, anciennement Périgord.

 

J’ai découvert le Périgord, et donc Sarlat, il y a une dizaine d’années. J’ai littéralement été transportée, subjuguée par la richesse patrimoniale couplée, d’une façon très équilibrée, à la diversité d’une nature sereine. L’homme a réussi ici à accorder subtilement sa propre création à celle initiale de la nature. Ses 1001 châteaux s’intègrent parfaitement dans le paysage tout comme se fond l’architecture dont je n’exclus nullement les maisons typiques nommées périgourdines. La pierre omniprésente apporte une sensation d’intensité, d’intemporalité. Puisque Sarlat concentre toutes ces caractéristiques, j’ai jugé intéressant de poser ce décor à mon intrigue.

 

D’autre part, comme évoqué dans la question concernant le synopsis de mon roman, Sarlat possède une histoire religieuse bien à elle (cf plus bas), ce qui m’a permis de faire évoluer l’héroïne Adélaïde de femme pieuse à une personne apte à remettre en question sa foi.

 

Petit aparté concernant Sarlat afin de bien comprendre ce bourg :

 

Tout débuta au XIIe siècle lorsque Sarlat devint  un grand centre de pèlerinage grâce à son monastère bénédictin. Celui-ci fut reconstruit et alors placé directement sous la tutelle du Saint Siège. La création d’un évêché au début du XIVe siècle confirma l’autorité religieuse de Sarlat sur le sud du Périgord. Sarlat, la catholique, résista ainsi vaillamment aux assauts des protestants, dans une région qui s’était pourtant réclamée huguenote. Entre temps la vallée de la Dordogne, frontière changeante entre royaumes de France et d’Angleterre, subit les assauts de la guerre de Cent ans. Sarlat resta encore fidèle aux rois de France et, à la paix retrouvée, poursuivit son essor. Même durant les jacqueries, Sarlat restera du côté du Roi.

 

Un petit clin d’œil pour terminer cette rubrique : affectionnant tellement Sarlat et le Périgord Noir, j’ai décidé de m’y installer. Je réside donc à présent à l’année, en plein cœur du Secteur sauvegardé, dans un Monument Historique, un hôtel particulier datant du XVe siècle, digne des Maisons patriciennes qu’Adélaïde fréquentait…

Pourquoi avoir choisi cette date de 1852 ?

Afin de permettre à mes personnages d’évoluer dans certaines situations et de les faire progresser sous certains aspects spécifiques, j’avais besoin d’un contexte bien particulier. Il se trouve que 1852, qui se situe dans le Second Empire, sous Napoléon III, regroupait les paramètres nécessaires : historiquement (la France avait vécu de grands bouleversements, tous ses repères avaient sauté, Napoléon permettait de nouveau aux nobles de vivre à visage ouvert), socialement (la bourgeoisie était toute puissante tandis que le peuple subissait son joug, des révoltes avaient été écrasées et d’autres se préparaient), économiquement et politiquement.

 

D’autre part, j’affectionne énormément le XIXe siècle pour son foisonnement des arts et de la culture ainsi que par l’excellence qui prédominait dans ces domaines. Il me semble aussi que le XIXe siècle représente un moment charnière dans la prise de conscience de la condition des petites gens (citer Victor Hugo est presque une lapalissade). Situer mon roman -qui traite de ce rapport de forces- en plein cœur de ce siècle me paraissait lui apporter du sens et un éclairage supplémentaire

 

Ce n’est cependant pas un ouvrage politique car mon roman soulève une question essentielle qui n’est absolument pas politique : l’orientation que l’on donne à sa vie dépend-elle uniquement de notre environnement familial et social ? Peut-on changer son destin même si l’on est issu d’un milieu défavorisé ?
J’ai volontairement exacerbé la situation d’un des personnages pour mieux porter à l’évidence cette question et pour affirmer un principe de vie qui me tient très à cœur.

 

Par ailleurs, le XIXe siècle constituant un siècle de grands changements incessants, chacun doit s’adapter pour tenter de vivre, parfois même de survivre. Mes personnages sont dans la petite histoire ce que l’ensemble des humains est dans la grande histoire. Ils évoluent et se découvrent au gré des situations et des évènements, se révèlent et apprennent à connaître leur moi profond. Ils ne sont pas statiques tout comme ne l’est pas le XIXe. J’ai désiré faire correspondre le  « mouvement » de mes personnages au « mouvement » de ce siècle.

 

Et pour terminer, j’éprouve un attachement sans limite pour le style de la littérature du XIXe siècle ainsi que pour Balzac –cf le début de mon interview. Situer l’action de mon roman à cette période résonne un peu comme un hommage à ces illustres écrivains.

Pourquoi avoir fait vivre ce type de personnages ?

Cela faisait longtemps que ce type de personnages m’accompagnait. J’aime les personnages qui possèdent de l’épaisseur, riches en vécu, en pensée, en émotions, en psychologie. Je ne peux concevoir autre chose que ceci : le lecteur doit pouvoir refermer le livre et posséder une vision claire, précise, aboutie des personnages qui devraient être presque palpables. Sinon, comment peut-il s’y intéresser, les suivre, les comprendre ? Quel sens pourrait posséder un roman où le flou serait si vaste que les personnages ne seraient que des noms sur du papier ? 

 

Afin que les acteurs de l’histoire puissent délivrer des messages, provoquer des interrogations et ouvrir des champs de conscience chez le lecteur, il est impératif qu’ils ne soient pas de simples représentations mais qu’ils soient consistants, qu’ils aient une dimension substantielle, qu’ils soient tangibles, réels, en un mot, qu’ils vivent ! Mes personnages principaux appartiennent à deux univers différents, deux sexes opposés, avec des visions du monde divergentes et des idéaux contrastés. Ces deux protagonistes éclairent  le roman chacun à sa manière. Le lecteur découvre ainsi l’histoire sous deux angles distincts, ce qui apporte une richesse supplémentaire.

 

Ceci étant posé et afin de poursuivre ma réponse, j’ai eu très envie d’explorer les rapports de force entre les différentes classes sociales. L’un des personnages cumule toutes les caractéristiques du degré le plus terrible du petit peuple en 1852 : c’est une femme, Adélaïde, elle est veuve, elle est mère, elle est lavandière, elle est pieuse, elle est humiliée, outragée dans sa chair puisqu’elle est violée. L’autre personnage appartient à la classe de la haute société : c’est un homme, Augustin Dumas, un notaire, tout-puissant, riche, qui possède une place enviée au sein de Sarlat, il est extrêmement intelligent et méprise tout le monde, il possède un cœur de pierre même à l’égard de son épouse et de ses deux filles.

 

Bien sûr, ces deux personnages vont se rencontrer, en l’occurrence par le biais de Louis, le jeune fils d’Adélaïde, qui va jouer un rôle de focalisation, de convergence. Cette rencontre va être déterminante pour chacun d’eux car elle va leur permettre d’évoluer et surtout d’explorer des facettes inconnues d’eux-mêmes.

 

Ainsi, Adélaïde va révéler une part sombre d’elle. Parce cette femme, censée être faible, douce, aimante, fine, va devoir s’endurcir et va montrer une facette pas aussi blanche qu’elle y paraissait. Elle va découvrir une force négative qui l’amènera à se défendre avec des moyens pas toujours avouables. A contrario, elle refusera toujours de se « victimiser » car elle préférera fouiller dans ses faiblesses, ses doutes, ses travers et ses fêlures. Ce qui l’aidera à comprendre la véritable raison de sa foi et à s’en éloigner doucement.

 

Parallèlement, Augustin le notaire, qui est malhonnête, méprisant envers tout le monde, ayant commis l’irréparable sur la personne d’Adélaïde, va se découvrir une part d’humanité dès l’instant où il sera touché par cette femme et son fils. Sa vie va peu à peu basculer et il connaîtra des sentiments qu’il n’avait jamais expérimentés et qui le conduiront jusqu’à regretter profondément son geste. Il ne se remettra d’ailleurs jamais de ses actions lorsqu’il en prendra totalement conscience. J’ai donc trouvé intéressant de montrer comment, à l’inverse d’Adélaïde, Augustin pouvait révéler une part blanche enfouie en lui.

 

Un autre aspect qu’il me semblait important de démontrer réside dans le fait que, même si extérieurement, mes personnages apparaissent comme radicalement dissemblables, ils se rejoignent malgré tout sur plusieurs domaines. On peut les réconcilier à un certain niveau, on peut les faire se comprendre sur certains sujets, peut-être en définitive les primordiaux, car « chaque homme porte en lui la forme entière de l’humaine condition »…

Combien de temps avez-vous mis pour l'écrire ?

C’est un livre que j’ai porté en moi durant de longues années car le sujet me tenait particulièrement à cœur. Quand je l’ai eu fait suffisamment maturé, j’ai réfléchi à la mise au point du thème principal et à la manière de l’amener et de le dérouler. Ceci étant conclu, il y a donc eu ensuite le choix de l’époque, du lieu, des personnages principaux et secondaires, leur raison d’être. J’ai donc alors été à même d’écrire le synopsis autrement dit le plan très détaillé.

 

Grâce à ce canevas très structuré, je connaissais les lieux, la période, la manière dont mes personnages allaient évoluer. Les investigations pouvaient débuter. Durant quatre à cinq mois, j’ai effectué de nombreuses recherches concernant des détails politiques, sociaux, physiques, économiques, etc. J’ai consulté nombre d’archives, de publications, de sites afin de rassembler quantité d’informations qui allaient me servir et me permettre de donner une substance vivante à l’existence de mes protagonistes. Tout comme mes personnages doivent posséder une véritable identité, de même, le milieu dans lequel ils évoluent doit être réel, définissable, reconnaissable afin de donner corps à l’histoire.

 

J’ai également tâtonné plusieurs jours pour choisir la forme de mon roman : allais-je raconter en me plaçant à l’intérieur ou à l’extérieur ? J’ai réalisé quelques brouillons avec différents procédés. J’ai tout d’abord laissé Adélaïde raconter son histoire mais il aurait manqué tout l’aspect intérieur de son « adversaire » ; j’ai aussi tenté de donner la parole à Adélaïde un chapitre sur deux et à son fils Louis l’autre moitié, un peu comme une histoire à quatre mains. On aurait ainsi possédé deux visions du roman avec la voix non négligeable d’un enfant mais l’inconvénient restait le même que précédemment. Cela n’offrait qu’un seul angle d’attaque, celui des petites gens. Je me suis donc finalement décidée à me placer à l’extérieur et à regarder mes personnages évoluer et grandir. Mais je n’ai pas été que la spectatrice d’une histoire. Pour comprendre leur intériorité, j’ai été obligée de m’immiscer dans leur âme, dans les recoins de leur pensée afin de pouvoir mettre à la lumière l’entièreté de leur sensibilité comme de leur intellect. Mais je n’ai donc jamais pris parti pour l’un ou pour l’autre. Je suis restée objective. Je ne les ai pas jugés ni trahis dans leur évolution.

 

Il faut préciser ici, que même si cette femme Adélaïde possède certains aspects que l’on retrouve en moi, mon roman est loin d’être un récit de vie transposé et encore moins une autobiographie. J’aime tant faire sortir de mon imaginaire des personnages, des situations, des ressentis, toutes sortes de disposition d’esprit que je ne pourrai réduire mon écriture à ce qui est réel. Inventer des vies constitue un tel plaisir, une telle jouissance qu’il me paraît impensable de me livrer à une autobiographie. Imaginer c’est partir à la conquête de tous les univers. Tout devient dès lors possible !

 

Pour revenir au temps que j’ai mis pour écrire « L’humiliée », après la période des recherches et celle du choix quant au procédé narratif, j’ai réalisé le premier jet d’écriture sur un an et demi. C’est une période bénie puisque c’est durant ces moments que l’inspiration naît, que la fulgurance s’inscrit, que les personnages se mettent à vivre et à vibrer seuls, indépendamment de mon être. C’est le cœur même de ma démarche littéraire : donner vie à des personnages complexes qui se révèlent tout au long de leurs expériences de vie. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai compris véritablement Balzac qui vivait avec ses personnages, qui faisaient partie de sa vie. Parce que tout le temps que j’ai écrit, mes personnages m’ont accompagnée au même titre que mes proches.
Puis ma première réécriture s’est réalisée sur six mois environ ainsi que la deuxième approximativement sur la même période de temps. J’ai ensuite, bien entendu, effectué une ultime correction suivie d’une très attentive dernière relecture.

 

Donc globalement, l’écriture de mon roman s’est étendue sur un peu plus de trois ans, autant que Flaubert pour son « Education sentimentale » ou « Madame Bovary » mais hélas bien davantage que Balzac, mon écrivain favori, pour n’importe lequel de ses romans !

 

Je tiens à préciser, toutefois, que durant ces trois ans, j’avais un métier qui me prenait beaucoup de temps sans compter certaines de mes obligations familiales.

Quelles sont vos mises en condition pour écrire ?

La toute première mise en condition est une mise en condition à long terme. Elle provient essentiellement de deux domaines différents : la lecture d’œuvres littéraires et l’observation des personnes croisées, des situations vues ou perçues, de l’analyse de ces dernières. Tout cela constitue un formidable réservoir d’idées, de sensations et de concepts. Ces deux pôles sont essentiels à toute écriture. Ils représentent le squelette de l’écrivain. La lecture construit la pensée tandis que l’observation initie le désir d’écrire. Etant une grande lectrice et, de surcroît, très observatrice, j’ai eu la chance d’être en mesure de capter tout un monde fait de plusieurs univers et de ressentir parallèlement tout ce qui vit autour de moi, dans n’importe quel endroit où je me trouve.

 

La deuxième mise en condition est proche du temps de mon inspiration. J’ai besoin de me ressourcer dans des lieux propices et calmes où la sérénité abonde (comme dans le Périgord ou dans les Relais-Châteaux) aussi bien que dans la nature sauvage (rivières, falaises, mer, vent…). Je suis très contemplative et j’emplis ainsi mon âme de mille souvenirs et sensations qui affleureront le moment venu.

 

La troisième et dernière mise en condition concerne le moment de l’écriture proprement dite. Généralement, j’écris l’après-midi jusque dans la soirée voire au début de la nuit. Mais auparavant, il me faut, une bonne quinzaine de minutes, écouter de la musique classique. Callas (Puccini, Verdi), Mozart (concertos piano/clarinette) et Beethoven (concertos piano) figurent parmi mes artistes de prédilection. Il m’arrive également de relire un ou deux poèmes de Baudelaire. Ce faisant, je baigne mon âme des valeurs essentielles et profondes de la beauté intérieure.

 

D’autre part, il me faut boire un bon café juste avant d’entamer l’écriture puis souvent deux autres durant les heures qui suivent -mais loin de moi l’envie de rivaliser avec Balzac !  Le silence total est requis et plus rien alors ne compte que mes personnages qui écrivent leur vie sous mes yeux ébahis.

Quelle place la poésie tient-elle dans votre vie ?

La poésie est, plus encore que la littérature en prose, la source fraîche qui arrose mon âme. J’ai aimé Baudelaire avant d’aimer Balzac. J’ai aimé le rythme et la mélodie des vers avant d’aimer la prose. Un poème ressemble à une perle, fragile, parfaite, qu’il est nécessaire de protéger dans un écrin velouté. Parce qu’un poème consiste en une vision ou une sensation condensée d’un thème, il importe d’aller chercher profond en son intérieur afin d’y extraire la substantifique moelle, l’essence-même de la sensation à transmettre.

 

C’est une expérience dont j’ai l’habitude depuis très longtemps et qui me permet de ressentir les choses d’une façon  la plus intense possible. J’ai sans cesse en moi une phrase, une expression poétique qui me trotte dans la tête, une impression que je traduis en termes d’images poétiques. Ceci me sert pour composer ensuite mes poèmes.

 

Pour ce qui est de mes poètes préférés, j’ai connu Baudelaire durant mon année scolaire de 4e grâce à son poème « L’homme et la mer ». Il y a tout de suite eu une connivence entre nous, comme une adoption par la reconnaissance d’une espèce de filiation pressentie, un peu comme si je lui étais apparentée, provenant d’une même famille.

 

Puis, durant mes années de lycée, j’ai beaucoup aimé Aragon et sa sensibilité qui cependant savait rester virile. Mais, ensuite, en faculté, j’ai retrouvé Baudelaire et j’ai mieux saisi toute la dimension de sa force. Il ne m’a, dès lors, plus jamais quittée.

 

Je sais ce que mon attachement quasi exclusif comporte d’étrange mais je ne parviens pas à trouver un autre poète que Baudelaire qui me corresponde autant que lui. Son écriture puissante me parle d’une manière qui défie toute comparaison. Elle entre en moi comme si elle quittait le papier et battait par mon cœur. Cet immense artiste sait rendre beau ce qui est noir, il sait donner une pulsation à la mort, une souffrance à la beauté, une beauté à la douleur. Sa philosophie de l’esthétique m’est familière tout en me faisant cheminer toujours plus profondément en moi par des interrogations qu’il a su soulever d’une façon incroyablement intense et subtile.

Parlez-nous un peu de vous !

Je découvre la littérature très tôt dans mon enfance. En effet, c’est à huit ans, au CE2, que j’ai la chance d’avoir pour maîtresse une personne qui aura un impact décisif et certain dans ma vie. Tout au fond de la classe, se trouve une bibliothèque fournie où trônent des livres qui constituent l’unique évasion et l’unique culture dans ma vie de  petite fille née dans une famille où le seul capital réside dans le nombre d’enfants. Pas de démonstration d’affection -si tant est que cette dernière existe- pas d’amusement, pas d’élévation du cœur et de l’âme. Mon horizon ?  L’école et la compréhension de ma maîtresse. Et celle-ci comprend mon extrême solitude et le potentiel que la petite fille que je suis recèle au tréfonds d’elle. Aussi me permet-elle de ne pas descendre en récréation lorsque je le lui demande et que je préfère m’évader avec les textes des écrivains, avec des histoires qui remplissent ma vie.

 

En ce temps-là, existaient des adaptations de grands textes. Je dévore, me nourris et parviens à survivre. Je n’oublierai pas mon tout premier écrivain, Victor Hugo, ni mon tout premier roman, « Les misérables ». Quelle résonance en mon âme et quelle formidable leçon de fraternité ! Je découvre ainsi, au fil des pages,  une richesse qui me permet de grandir, me sentant accompagnée par l’âme de ces grands écrivains et de leurs personnages. Je fais, par ailleurs, l’expérience d’une qualité de littérature et de langue française qui constituera un tournant dans ma vie. C’est grâce à ce biais que, plus tard, je vais être amenée à aimer la magnifique prose de Balzac avec une ferveur jamais démentie, faisant mienne cette merveilleuse sentence que Marguerite Yourcenar fait dire à Hadrien, dans ses « Mémoires » : « Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres. »

 

Adolescente, je commence à composer des poèmes puis de petites nouvelles. J’y place tout ce qui me ronge, me tourmente, me porte et me comble. D’une façon quelque peu gauche, certes, mais mon besoin d’écrire commence à poindre d’une manière certaine. Je continue de rencontrer des professeurs qui croiront en moi –et je ne les en remercierai jamais assez- et m’aideront à trouver ma voie, surpris de lire des « rédactions » et « expressions écrites » quand ce ne seront pas des dissertations qui sortiront de ce qu’ils auront l’habitude de lire. J’opte alors pour un cursus de littérature, de Lettres Modernes tout d’abord puis de Littérature Générale et Comparée, qui m’amène jusqu’au Master 2 (je rêve de poursuivre jusqu’au Doctorat). Le reste, vous le connaissez déjà, l’ayant lu dans différents textes qui jalonnent mon site.

 

Pour ce qui est de ma personnalité d’adulte, je suis  assez solitaire, indépendante, autonome et me suffis souvent à moi-même sauf en ce qui concerne l’amour. C’est un domaine dans lequel j’aime à me noyer dans l’affection de mon mari et dans celle que je lui porte.

 

Autrement, comme tous les écrivains, j’adore lire et j’aime observer, analyser, déduire et mettre en scène. Mon imagination est perpétuellement sollicitée, souvent bien malgré moi, de même que mes sensations et perceptions.

 

D’autre part, étant particulièrement sensible, entière et exigeante, je porte très haut mes idéaux et pratique tout ce que j’aime avec une certaine passion pour ne pas dire une passion certaine.

 

Par ailleurs, je me délecte du patrimoine, de l’Art, de la Culture, des Musées, des voyages dans des contrées riches d’Histoire ou dans des villes à fort potentiel patrimonial, d’où mon installation à Sarlat !

 

A contrario, de nature assez contemplative, je ressens très régulièrement un fort besoin de calme, de nature, et particulièrement lorsque mes yeux rencontrent l’océan et ses falaises, point de connexion entre mon imagination et mon âme.

 

Mon portrait ne serait pas complet si l’on passait sous silence mon amour incommensurable pour la musique classique. Celui-ci m’aura aussi été donné par une maîtresse, celle du CM2, qui, chaque vendredi, allumait la radio sur une fréquence où se jouaient des œuvres classiques expliquées aux enfants. L’ « Ode à la Joie » sera un choc artistique pour moi. Remplie de vigueur, d’espoir, d’intensité, elle déterminera ma perception de la vibration musicale d’une manière toute particulière et instinctive.

 

Au sortir de mon école élémentaire, je n’ai donc plus jamais été seule. La littérature et la musique étaient devenues mes amies, mes compagnes. Je n’avais pas souvent l’occasion d’entendre de la musique classique mais les notes de Beethoven ont longtemps, très longtemps empli ma tête. Et la force qu’il m’avait insufflée ne me quittera plus jamais.

 

Je découvre ensuite brièvement le piano pendant mon adolescence puis, devenue adulte, je m’initie au violon et au chant lyrique durant environ six années. Mes préférences instrumentales vont à Mozart, Beethoven et Bach, et celles lyriques à Verdi et Puccini. En fait, je conçois la musique classique comme détenant le formidable  pouvoir de transcender, de transporter, de dire mieux que par des mots, des poèmes, ce que l’humain ressent au plus profond de ses entrailles. Je me sens une affinité particulière pour des interprètes tels que Whilhem Kempff ou Radu Lupu au piano et Vadim Repin au violon, comme Callas et Carreras en chant. Dans leur domaine, j’estime que ces artistes ont tout compris de la musique, du compositeur et de son idéal. Et en cela, je me sens proche d’eux.

 

La suite de mon récit de vie, vous la connaissez pour avoir lu déjà l’ensemble de mon interview…

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Projets

Il est de l’imagination comme des sources éternelles, le rêve insufflant à la vie la caresse des émotions, la palpitation d’un envol et la brise de l’infini…

Pour le prochain « Printemps des poètes », j’ai l’intention d’éditer l’ensemble de mes poèmes sous forme de recueil (vous en avez un aperçu sur mon site).

D’autre part, j’en suis à la rédaction du plan détaillé de mon futur roman dont l’époque sera contemporaine, le lieu principalement Bordeaux et les personnages en proie à des choix douloureux. J’ai également plusieurs idées de romans à dominante psychologique dont les plans détaillés sont déjà rédigés.

Et par ailleurs, je vais me lancer, simultanément, dans une série mettant en scène un jeune couple vivant à notre époque, au cœur du Périgord et du patrimoine, et résolvant des enquêtes quelque peu spéciales.

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    Découvrez le premier chapitre de "L'humiliée" en PDF

    Sortie officielle le 5 décembre 2018
    Vous pouvez télécharger et lire le premier chapitre de mon roman "L'humiliée" au format PDF.
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    Ecrit par Marie-Louise Russo-Delattre, écrivain et poète
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